La mise en commun des droits de pêche permet une plus grande flexibilité dans la gestion des quotas.

Sans la gestion collective appliquée au sein de notre OP, nous pourrions craindre que les difficultés que nous connaissons du fait du manque de certains quotas soient vécues encore plus douloureusement. Notre secteur traverse une période de transition vers l’atteinte des objectifs réglementaires (RMD, Obligation de débarquement par exemple) alors que la biomasse, et donc les rendements, de nombreux stocks sont en progression. Cette discordance impose dans certains cas, une gestion rigoureuse qui nécessite de la part du Conseil d’Administration de Les Pêcheurs de Bretagne, en parallèle des commissions ad hoc, la prise de mesures d’encadrement de l’activité pour éviter une fermeture de la pêche prématurée et ainsi assurer la rentabilité des armements. Les niveaux de consommation des sous-quotas « sensibles » gérés par l’OP sont élevés, voire très proches de 100% dans certains cas et ceci malgré les échanges de quotas négociés avec des OP françaises ou étrangères pour rendre les allocations finales plus compatibles avec l’activité normale des différentes flottilles de l’OP.

L’élaboration de règles de gestion peut être contrainte par l’imprévisibilité d’un secteur dont les évolutions de productions varient en fonction des stratégies individuelles des armements (elles- mêmes susceptibles d’évoluer en cours d’année) ou des conditions météorologiques qui influent sur la capturabilité du poisson. Le travail de l’OP est un perpétuel dilemme entre la nécessité d’anticiper en prenant des mesures de gestion permettant de gérer le quota sur l’année et le souci d’éviter de brider inutilement l’activité des navires. Le bon dosage, dans un esprit d’équité vis-à-vis de chacun des membres est parfois difficile à trouver.

 

Les grandes lignes des décisions prises en 2018 sont dans la continuité de celles prises en 2017. Cependant en 2018, la gestion de certains sous- quotas de l’OP a été marquée par des évènements particuliers qui ont pu entraîner des décisions spécifiques qu’il nous semble utile de rappeler.

Langoustine (golfe de Gascogne)

Les rendements ont été particulièrement faible et la mauvaise météo de début d’année a entraîné de nombreux arrêts de navires. Les limitations par quinzaine qui avaient été prolongées dans la continuité des mesures de gestion 2017 n’ont jamais été contraignantes pour les navires. Compte-tenu des niveaux de rendements, de la situation de marché, elles ont été levées en mai 2018. Bien que relativement faible, le niveau de production annuel de 1 930 tonnes en 2018 est du même ordre que ceux de 2012 et 2013, années qui avaient fait suite à deux saisons de débarquements importants.

Dorade rose

Dans la continuité des années précédentes et compte-tenu du niveau très faible du sous-quota initial de l’OP (<4t), la pêche n’a été ouverte qu’au début de l’été (une fois les premiers échanges réalisés) et pour le métier de l’hameçon uniquement. Dans le but de valoriser au mieux le sous-quota, la taille minimale de 35 cm (contre 33 cm au niveau communautaire), l’interdiction de vente de dorade glacée et les limitations de captures ont été maintenues. Pour la deuxième année consécutive, les ligneurs dits « spécialistes » ont par ailleurs rempli quotidiennement des fiches de pêche pour documenter précisément leurs captures. La pêche a dû être fermée début septembre, le sous-quota ayant été atteint. Des échanges de n d’année ont permis une réouverture au mois de décembre pour quelques fileyeurs mais la pêche a été compliquée à cause de la météo.

Bar (golfe de Gascogne)

Le bar n’étant pas une espèce sous quota, sa gestion n’est pas du ressort des OP mais du Comité National des Pêches. Pour autant, il nous paraît nécessaire de revenir sur l’encadrement de la pêche du bar du golfe de Gascogne opéré au niveau national en 2018. Il s’agissait de la première année d’existence du nouveau régime de licences mis en place par le CNPMEM dans le but de respecter collectivement le plafond national de captures imposé par la Commission européenne. Selon le métier pratiqué et le niveau de licence détenu ou non (pêche ciblée/accessoire), chaque bateau devait respecter un plafond de capture annuel et des limitations à la quinzaine. Jusqu’au mois de novembre, les estimations de consommation de la DPMA prévoyaient un léger dépassement du plafond national en fin d’année. Celui-ci semblait pouvoir être évité par une diminution de la production de n d’année escomptée du fait de l’arrêt de certains bateaux ayant déjà atteint leur plafond individuel. Cette diminution n’ayant pas eu lieu, une mesure d’urgence a été prise n novembre pour limiter l’ensemble des navires à 50 kg de captures par marée. Cette mesure de sauvegarde a été prise pour atténuer l’effet qu’aurait pu avoir une fermeture totale sur les plus petits navires dépendants de cette ressource. Le plafond national étant atteint, la pêche a dû être totalement interdite à compter du 26 décembre 2018. L’OP a régulièrement informé ses adhérents de leur production individuelle, les incitant à cesser toute pêche lorsque le plafond était atteint. Ce travail de veille et de vigilance est poursuivi en 2019 même s’il appartient aux gestionnaires (CNPMEM et administration) de prendre des sanctions, si cela s’impose, vis-à-vis des navires qui dépasseraient leur plafond autorisé (mensuel ou annuel).

Thon germon

La campagne 2018 a été marquée par des conditions de capturabilité exceptionnelles, ayant conduit à une consommation très rapide des quotas disponibles. L’étroitesse des quotas initiaux de l’OP, conjuguée à une absence d’échanges entre Etats-membres, n’aura pu être compensée par l’importance des niveaux de quotas obtenus via échanges (+1 500 tonnes). De sévères mesures de gestion ont dû être mises en œuvre à partir de la fin août, incluant une fermeture du quota à la mi-septembre, afin d’étaler au mieux les possibilités de pêche.

Fileyeurs/Palangriers merlu (mer du Nord)

Les activités de pêche ciblée du merlu en Ouest Ecosse et mer du Nord ont pu être renforcées en 2018. En lien avec la problématique sanitaire (moins de parasite Anisakis dans ces zones), les captures de cette espèce y sont nettement mieux valorisées que dans les autres zones. Ce redéploiement global des navires entre les différentes zones de pêche (VII – VI – IV) est en œuvre au niveau européen. Il a pu susciter des conflits de cohabitation qu’il conviendra de résoudre à l’avenir. Pour ce qui concerne la mer du Nord, les accès auront été rendus possibles après un arbitrage spécifique de la DPMA et la modification d’un règlement communautaire au cours de l’été 2018 (plus de contingentement obligatoire).