L’auto-échantillonnage : késako?

Date de publication : 28 juin 2018

Depuis plusieurs années, les pêcheurs de l’OP participent volontairement à des programmes d’auto-échantillonnage des ressources halieutiques : cabillaud de mer Celtique, baudroie des zones VI et VII et prochainement églefin de mer Celtique.

 

A chaque marée, ils respectent un protocole scientifique de collecte de données décrivant de manière quantitative et qualitative les captures réalisées sur le stock qui les concerne.

Pour chaque opération de pêche, ils renseignent la date, l’heure et la position GPS de filage et de virage, la nature du fond, la profondeur et la quantité pêchée (en kg) de l’espèce correspondant à leur programme de rattachement. Ils procèdent aussi à des « échantillonnages » en moyenne 2 fois par jour ; c’est-à-dire qu’ils doivent mesurer et noter la taille de chaque poisson de l’espèce étudiée, qu’il soit commercialisable ou non, débarqué ou rejeté.

Ces nombreuses données recueillies par les pêcheurs sont intégrées aux bases de données informatiques de l’Ifremer.

Ce travail a pour objectif d’améliorer la connaissance de l’état des ressources halieutiques en fournissant des informations complémentaires aux données utilisées pour les évaluations de stocks (données issues des campagnes scientifiques, données d’observateurs embarqués ou données de ventes en criées) . En effet, celles-ci ne reflètent pas toujours la réalité des pratiques professionnelles (couverture géographique des campagnes scientifiques différente des zones de pêche des professionnels, par exemple). Par ailleurs, dans certains cas, les données disponibles ne permettent pas de quantifier de manière suffisamment précise l’abondance des stocks et de définir les prélèvements acceptables dans le cadre de l’objectif de gestion au rendement maximal durable ; d’où l’intérêt de l’auto-échantillonnage.

 

Le respect du protocole d’auto-échantillonnage représente une surcharge de travail pour les équipages qu’il convient d’indemniser justement. Dans la mesure où ce travail, en améliorant la connaissance des stocks, bénéficiera à terme à l’ensemble des adhérents qui pêchent les espèces concernées, le Conseil d’Administration de l’OP a décidé d’instaurer une cotisation spécifique « auto-échantillonnage » sur toutes les ventes de cabillaud, de baudroie et bientôt d’églefin, pour couvrir les frais d’indemnisation des navires volontaires.

A noter que pour les navires qui réalisent l’auto-échantillonnage de raie brunette ou de dorade rose, la contrepartie au travail de récolte de données qu’ils effectuent est l’accès à la pêche de ces espèces dont les quotas sont très restreints.

Finis le remplissage fastidieux des feuilles d’auto-échantillonnage et la saisie sur ordinateur ! L’OP Les Pêcheurs de Bretagne a obtenu de France Filière Pêche le financement du projet ADAP, Application D’Auto-échantillonnage à la Pêche, dont l’objectif est de développer une application facilitant la collecte et la saisie d’informations halieutiques par les pêcheurs et leur traitement par les scientifiques.

Cette application sera hébergée sur une tablette « marinisée ». Pour faciliter la saisie, plusieurs programmes seront préconfigurés en fonction des informations à récolter : composition des captures, taille/poids ; maturité ; observations diverses. Différents outils intégrés seront testés : règle numérique, balance connectée, GPS… Dès que les tablettes auront accès à un réseau wifi terrestre, les données enregistrées seront automatiquement transférées vers l’OP qui pourra les valider avant de les transmettre aux scientifiques.

Il existe une différence entre l’évaluation du stock d’églefin et le ressenti des professionnels. Ainsi, à l’instar de ceux déjà mis en œuvre par les pêcheurs de l’OP sur le cabillaud et la baudroie, un protocole d’auto-échantillonnage sur l’églefin sera mis en place à partir de l’été 2018 afin d’améliorer la connaissance de l’état du stock. Il apportera des informations en temps réel complémentaires aux données d’observation des criées et des campagnes scientifiques. Elles reposeront sur la réalité des pratiques professionnelles, apporteront un « nouveau » signal dans l’évaluation et conduiront à une plus grande fiabilité des avis scientifiques et donc à une meilleure adéquation Biomasse-TAC.