Depuis plusieurs années, nous rencontrons des difficultés récurrentes et croissantes de commercialisation de la raie mise en vente par les adhérents de l’OP, signe de la contraction durable du marché de la consommation humaine traditionnelle pour cette (ces) espèce(s), devenue la première espèce (groupe d’espèces) en volume et en valeur faisant l’objet d’interventions de l’OP en soutien de marché depuis 2019. Les volumes achetés par l’OP, faute d’acheteurs, sont difficilement valorisables sur le marché du congelé et sont le plus souvent destinés à la production d’huile et farine animale.
Face à cette situation, l’OP Les Pêcheurs de Bretagne a décidé de porter un projet visant à explorer de nouvelles pistes de valorisation des raies « invendues ». L’idée est de l’aborder comme une matière première composite pour d’abord en caractériser les différentes fractions et ensuite préciser leurs opportunités de valorisation individuelles sur d’autres circuits alimentaires ou non.
Ce projet initié en 2021 et porté par notre antenne de Lorient a obtenu le soutien financier du DLAL FEAMP 2014- 2020 (Pays de Lorient) et de la Région Bretagne. L’étude a été réalisée par l’institut technique IDMer de Lorient. Quatre espèces de raies (raie bouclée, raie lisse, raie fleurie et raie chardon) ont été analysées mettant en évidence de grandes similitudes de composition. Ces similitudes ont permis de conclure sur la possibilité d’une valorisation globale des raies et non par espèce.
Les raies sont composées en majeure partie de protéines (environ 65%) qui, sous forme hydrolysée, peuvent présenter un intérêt autre que nutritionnel. En effet, les procédés d’hydrolyse enzymatique permettent de couper les protéines en molécules plus petites appelées peptides. Ces dernières sont solubles et peuvent présenter des propriétés biologiques. Parmi ces propriétés biologiques, certaines peuvent intéresser le marché de la nutrition santé humaine ou animale. Le potentiel existe également sur le marché de la nutrition-santé des plantes. Sur ce dernier axe, des tests d’hydrolyses enzymatiques ont été menés au stade laboratoire avec différentes enzymes et différentes conditions (température, pH, durée …) de façon à identifier et quantifier les différentes fractions valorisables (fractions lipidique, protéique et minérale) et définir le procédé optimal pour leur valorisation, lequel a ensuite été reproduit à plus grande échelle sur deux lots pilotes.
Des études d’activités biologiques ont été menées sur les hydrolysats obtenus mettant en évidence des propriétés « antioxydantes », des propriétés « antihypertensives » et surtout des effets significatifs de protection contre les pathogènes de végétaux et de stimulation de la croissance des plantes.
Cette première preuve de faisabilité ouvre différentes voies de valorisation qu’il reste à approfondir.